« Nous bavardâmes un moment, le genre d’échanges brefs et élégants qui passe pour une conversation, mais qui n’est en réalité qu’un duel à coups de dague, où un homme et une femme se livrent à d’aimables attaques, parades et ripostes. »
C’est le tout premier roman de Philip Kerr que je découvre avec « La Dame de Zagreb« . Un pavé de 450 pages qui met en scène son héros récurent : Bernie Gunther. Il n’y a cependant aucun souci de chronologie à respecter pour la bonne compréhension de l’histoire.
Marseille 1956. Bernie, ancien policier et détective, regarde un film interprété par Dalia Dresner. Il va se souvenir de leur rencontre, pendant la guerre, alors que Joseph Goebbels, ministre en charge de la propagande, lui confie une mission un peu particulière : retrouver le père de l’éblouissante actrice d’origine croate dont il est amoureux.
La couverture du roman donne le ton : une femme d’une grande beauté au coeur de la période nazie.
« Elle portait une robe bleu marine ; ordinaire, pourrais-je dire, si ce n’est que rien de ce que portait la dame de Zagreb ne pouvait jamais sembler ordinaire. »
Par le biais d’un flash-back, l’auteur pose le contexte historique sur près d’un quart du livre, largement documenté, avant d’aborder la rencontre qui va changer le quotidien de l’enquêteur. C’est presque frustrant d’attendre la page 140 pour que soit évoqué la belle qui donne son titre à l’oeuvre. Heureusement que l’auteur possède une jolie plume pour décrire des situations originales et qui ont véritablement existé. Le lecteur appréciera aussi les belles phrases, imagées et pleines d’humour, telle que : « Les nazis étaient comme la syphilis ; fermer les yeux en espérant que les choses s’arrangeraient toutes seules n’avait jamais été une option réaliste. »
Ou encore : « Au-dessus de nous, le ciel était aussi gris qu’un maquereau mort. »
Grâce à la superposition de plusieurs intrigues, on voyagera en Allemagne, en Suisse et en ex-Yougoslavie. On découvrira le chaos qui règne à cette époque et toute l’horreur des massacres perpétrés.
Gunther est homme perspicace et intelligent, la passion qui l’anime fait de lui un homme exaltant, un rebelle du régime établi.
Avec force, Philip Kerr manipule le lecteur jusqu’au bout du récit, il offre un roman étonnant et inattendu !
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Résumé :
Été 1943. Il y a des endroits pires que Zurich, et Bernie Gunther est bien placé pour le savoir. Quand Joseph Goebbels, ministre en charge de la propagande, lui demande de retrouver l’éblouissante Dalia Dresner, étoile montante du cinéma allemand qui se cache d’après la rumeur à Zurich, il n’a d’autre choix que d’accepter. Mais, très vite, cette mission en apparence aussi aguichante que l’objet de la recherche, prend un tour bien plus sinistre. Car le père de Dalia Dresner est en fait un croate antisémite de la première heure, sadique notoire, qui dirige un tristement célèbre camp de concentration de la région. Et la police suisse exige au même moment que Gunther fasse la lumière sur une vieille affaire qui risque de compromettre des proches de Hitler.
Je découvre…
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