«Il enfoncerait le clou en précisant que le nombre actuel de migrants sur la planète était stable depuis des années, environ 3 % de la population mondiale, soit trois fois moins qu’au XIXe siècle. Un paradoxe dans une société mondialisée, où tout circule bien plus vite et plus loin qu’aux siècles derniers, l’argent, l’information, l’énergie, la culture. Tout. Tout sauf les hommes. Sauf la majorité des hommes. Les démocraties, désormais, construisaient des murs. Une véritable contagion depuis le 11 septembre 2001. Des murs non pas pour se barricader, mais pour filtrer. Pour trier, pour passer les hommes au tamis des désirés et des indésirables.»
Derrière une belle couverture (édition limitée Pocket), Michel Bussi aborde avec On la trouvait plutôt jolie, le sujet délicat de l’immigration.
Ce n’est pas un documentaire, c’est une vraie fiction. Un roman profondément humain, avec des images fortes et symboliques. L’auteur dresse le portrait de Leyli, une femme exceptionnelle, désireuse d’élever ses enfants en France, loin des terres d’Afrique qu’elle a fui. Une femme qui garde un secret bien caché …
Au fil des pages, Michel Bussi confirme sa volonté d’enchanter le lecteur et de lui offrir une belle intrigue, même s’il faut en passer par certaines scènes très dures, voire choquantes.
Cependant, même sans vouloir tenir de discours alarmiste, le livre est à mi-chemin entre le drame psychologique et le roman moralisateur. Une dimension sociale inédite pour une prise de conscience obligatoire.
On notera le joli clin d’oeil du titre à la chanson de Pierre Perret : Lily (1977).
On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris
Quarante ans après, les paroles engagées trouvent un écho naturel dans le roman de Michel Bussi.
Résumé :
« – Qu’est-ce qui ne va pas, Leyli ? Vous êtes jolie. Vous avez trois jolis enfants. Bamby, Alpha, Tidiane. Vous vous en êtes bien sortie.
– Ce sont les apparences, tout ça. Du vent. Il nous manque l‘essentiel. Je suis une mauvaise mère. Mes trois enfants sont condamnés. Mon seul espoir est que l’un d’eux, l’un d’eux peut-être, échappe au sortilège.
Elle ferma les yeux. Il demanda encore :
– Qui l’a lancé, ce sortilège ?
– Vous. Moi. La terre entière. Personne n’est innocent dans cette affaire. »