« A force de trahisons, à force de renoncements, à force d’immobilisme, à force de réalisme, à force de donner l’impression qu’ils n’y sont pour rien, à force de laisser croire qu’ils ne peuvent absolument pas influer sur l’ordre des choses, à force d’orgueil, à force de dédain, à force de morgue et d’ignorance, les partis politiques traditionnels ont fini par provoquer la catastrophe, se dit Mina. Elle vomit le mot pragmatisme. »
La nuit du second tour est un roman très fort, il a l’intensité de l’amour perdu, celui de David et Mina.
Eric Pessan nous fait le récit d’une tragédie sociale au travers les yeux de deux êtres qui se sont séparés.
David erre dans un Paris en proie à la folie d’un résultat électoral.
Mina vogue en pleine mer vers un horizon qu’elle sent aussi incertain.
Que s’est-il passé pour que chacun en arrive là ? La routine ? La pression professionnelle ? Quand David est-il devenu « un pauvre type qui peine à se maintenir au-dessus de l’invisibilité » ? Depuis quand Mina donne-t-elle le change aux gens qui « l’imaginent heureuse, ils la croient lorsqu’elle sourit ‘ça va’ à leur mécanique question du matin. »
Alors que le pays est à feu et à sang, les questions se posent en terme de société, de travail, de citoyenneté … Le résultat des urnes est-il le reflet de la voix du peuple ?
Cette fiction pourrait bien ne plus en être une d’ici quelques semaines.
L’auteur pose et propose de multiples réflexions, et, malgré la tristesse du constat, il y a une grande beauté dans ses mots et dans ses phrases.
Un roman intelligent et éloquent. Un livre singulier. A lire et à penser !
Résumé :
Le soir du second tour des élections présidentielles la ville s’embrase, le pire est arrivé. David se retrouve à déambuler face aux émeutes et à sa vie ratée. Mina, elle, a préféré s’embarquer sur un cargo pour les Antilles pour ne pas assister à la débâcle. Deux êtres en proie à l’impuissance d’aimer qu’une nuit de cataclysme va profondément changer. Deux voyages intérieurs qui s’entremêlent en fiévreuses et subtiles sinuosités.
Eric Pessan poursuit une œuvre singulière, souvent mélancolique, explorant les liens étroits entre la vie intime et le désarroi collectif, qui empêche parfois jusqu’à la possibilité de se réinventer.